Si vous utilisez un NAS ou un serveur de fichiers, monter vos partages réseau sous Linux via CIFS (Common Internet File System) est une étape incontournable. Mais j’ai souvent constaté que les options par défaut brident les performances et peuvent même rendre le système instable en cas de coupure réseau.
Aujourd’hui, je vous partage la configuration que j’utilise pour obtenir un montage fluide, rapide et surtout capable de saturer une connexion Gigabit (voire 10GbE).
Ma ligne de montage de référence (/etc/fstab)
Voici la syntaxe que je recommande d’intégrer dans votre fichier /etc/fstab pour un équilibre parfait entre sécurité et rapidité :
Bash
//ADRESSE_IP/NOM_PARTAGE /mnt/POINT_DE_MONTAGE cifs username=MON_USER,password=MON_PASS,iocharset=utf8,_netdev,soft,rsize=1048576,wsize=1048576,vers=3.1.1,cache=loose,serverino,async 0 0
Pourquoi j’ai choisi ces arguments ? (Analyse technique)
Je ne me contente pas de copier-coller des options ; voici pourquoi chaque paramètre est crucial selon mon expérience.
La vitesse brute : rsize et wsize à 1Mo
Par défaut, le client CIFS utilise souvent des tailles de tampons (buffers) limitées (parfois 16 Ko ou 64 Ko).
- Mon réglage :
rsize=1048576,wsize=1048576(soit 1 Mo). - L’intérêt : En augmentant la taille des paquets de lecture et d’écriture, je réduis drastiquement le nombre d’allers-retours (IOPS) sur le réseau. C’est le réglage numéro 1 pour accélérer les transferts de gros fichiers.
Modernité et Sécurité : vers=3.1.1
Le protocole SMB a beaucoup évolué. Je force systématiquement la version 3.1.1, la plus récente à ce jour.
- L’intérêt : Elle offre de meilleures performances de négociation de contexte et une sécurité accrue (chiffrement plus performant). Elle évite aussi de retomber sur de vieux protocoles comme SMB1, qui est une passoire en termes de sécurité.
Réactivité de l’interface : cache=loose
C’est ici que je gagne en confort de navigation.
cache=loose: Au lieu de forcer le client Linux à vérifier chaque micro-changement sur le serveur à chaque seconde (modestrict), je l’autorise à être plus “souple” avec le cache local.- Résultat : L’ouverture des dossiers contenant des centaines de fichiers devient instantanée, là où elle pouvait être saccadée auparavant.
Stabilité du système : _netdev et soft
Rien n’est plus frustrant qu’un PC Linux qui freeze au démarrage parce que le serveur distant est éteint.
_netdev: Je l’utilise pour indiquer au système que ce montage dépend du réseau. Il ne sera tenté qu’une fois la carte réseau active.soft: Si le serveur tombe, cette option permet de renvoyer une erreur après un délai, plutôt que de bloquer indéfiniment le processus qui tente d’accéder au fichier (ce qu’on appelle un “D-state process”).
Intégrité des données : serverino et async
serverino: Je délègue la gestion des numéros d’inodes au serveur. C’est indispensable pour que les applications (comme les logiciels de sauvegarde ou les gestionnaires de photos) identifient correctement chaque fichier de manière unique.async: J’autorise les écritures asynchrones pour que mon application n’ait pas à attendre la confirmation physique du disque distant avant de continuer son travail.
Comment bien l’implémenter ?
Je vous conseille de ne pas mettre vos identifiants en clair dans le fichier /etc/fstab. Voici comment je procède pour une installation propre :
- Créer le dossier de montage :
sudo mkdir -p /mnt/mon_partage - Tester le montage manuellement : Avant de l’automatiser, je lance toujours une commande
mountpour vérifier qu’il n’y a pas d’erreur de frappe. - Ajouter la ligne au fstab :
sudo nano /etc/fstab - Monter tout :
sudo mount -a
Conclusion
En optimisant ces quelques paramètres, j’ai transformé mes accès réseau. Ce qui était autrefois une source de ralentissements est devenu un système de fichiers presque aussi réactif qu’un disque local. Cette configuration est idéale pour un NAS multimédia ou un serveur de sauvegarde.



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